mardi 8 novembre 2011

La Nuit de l'Oracle - Paul Auster



Quatrième de couverture :

Après un long séjour à l'hôpital, l'écrivain Sidney Orr est de retour chez lui. Toujours aussi amoureux de sa femme Grace, il reprend lentement goût à la vie. Mais il est accablé par l'ampleur de ses dettes et par l'angoisse de ne plus jamais retrouver l'inspiration. Un matin, alors qu'il fait quelques pas dans son quartier, il découvre une toute nouvelle papeterie, au charme irrésistible. Sidney entre, attiré par un étrange carnet bleu. Le soir même, presque dans un état second, Sidney commence à écrire dans le carnet une captivante histoire qui dépasse vite ses espérances. Sans qu'il devine où elle va le conduire. Ni que le réel lui réserve de plus dangereuses surprises... Virtuosité, puissance narrative, défi réciproque de l'improvisation et de la maîtrise, La Nuit de l'oracle précipite le lecteur au cœur des obsessions austériennes, dans un face à face entre fiction et destin. Comme si l'imaginaire n'était rien d'autre que le déroulement du temps avant la mort. Ou pire encore, son origine.


Mon avis :

Après avoir été totalement conquise par La Trilogie New-Yorkaise, j’avais hâte de renouer avec Paul Auster pour vérifier si je retrouvais mes sensations et mon plaisir à sa lecture.
Eh bien ce fût le cas avec La Nuit de l’Oracle.

Voilà encore un récit à la construction étonnante que je n’essaierai même pas de résumer.
Paul Auster a ce don incroyable de balader son lecteur à sa convenance l’emmenant dans une direction pour mieux le bousculer et l’envoyer valdinguer dans une autre.
Ici encore je me suis posée des tas de questions qui sont restées sans réponse. Auster parvient avec un talent fou à semer la zizanie dans l’esprit de son lecteur. Tout d’abord grâce à l’utilisation habile de la mise en abîme multiple. La Nuit de l’Oracle raconte l’histoire d’un écrivain qui nous raconte l’histoire d’un éditeur qui lit un livre, bref on se retrouve avec trois histoires imbriquées avec des similitudes volontaires entre les personnages au point qu’on en arrive à ne plus savoir dans quel récit on se trouve ! On retrouve là un procédé de Paul Auster qui, comme son narrateur, aime s’inspirer de lui-même pour créer ses personnages. (On retrouve d’ailleurs encore un anagramme de son nom …)

Le récit est truffé d’éléments étonnants qui éveillent la curiosité du lecteur créant ainsi une forme de suspense. Mais tout comme dans La Trilogie, pas d’issues, pas d’explications. Le lecteur ne peut que se contenter des fruits de ses suppositions et de son imagination. Je pourrais vous exposer les miens ici mais je n’en ferai rien car d’une part ce serait vous dévoiler des tas d’éléments essentiels qui, ainsi sortis de leur contexte, n’auraient non seulement pour vous aucune signification mais vous gâcherait l’effet de surprise, et d’autre part pourraient influencer votre propre interprétation de ce livre.

Je peux toutefois vous informer qu’on retrouve ici un thème cher à Auster qui est la notion de hasard. Selon lui, les évènements de la vie ne surviennent que par hasard et notre vie ne tient donc qu’à un fil. Je me demande aussi si Auster n’a pas vécu un accident sévère au cours de sa vie, peut-être est-il passé près de la mort car ce thème réapparaît assez souvent aussi. On ressent beaucoup son côté humain à travers l’évocation des camps de la mort et d’un fait divers concernant un bébé qui amène le narrateur à verser des larmes. La mort d’un bébé revient souvent dans le récit ( à 3 reprises ) est-ce du vécu aussi ?

Paul Auster décrit également très bien les questionnements relatifs au métier d’écrivain, l’inspiration subite qui permet à l’auteur d’écrire dans une totale frénésie jusqu’au blocage, la situation où l’écrivain se retrouve confronté à un obstacle qu’il ne sait pas comment résoudre. J’ai été intriguée aussi par cette notion de mots « qui tuent ». Lorsqu’un écrivain couche certaines pensées sur le papier, sont-elles amenées à se réaliser dans la réalité ? L’écrivain serait-il une sorte de medium ? J’ai lu que les horoscopes et autres prédictions de l’avenir pouvaient se révéler justes car ces prédictions conditionnent la personne et, par effet de suggestion, la poussent à agir de façon à ce que ces prédictions deviennent réalité. Serait-ce la même chose pour un écrivain ?

En dehors de tout ceci, j’ai retrouvé aussi cet objet récurrent dans l’œuvre de Paul Auster qu’est le carnet. Rouge dans La Trilogie, il est bleu dans La Nuit de l’Oracle. Pourtant une scène m’a surprise (et peut-être qu’encore une fois c’est mon imagination qui s’emballe) : le narrateur se bagarre avec un libraire car il souhaite absolument acheter un carnet rouge ( le dernier en magasin) mais le libraire refuse obstinément prétextant que le carnet rouge a déjà été réservé pour une autre personne. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que cette personne en question était le narrateur de La Trilogie

Ce n’était donc que ma deuxième rencontre avec Paul Auster mais à force de recherches sur lui je commence à mieux le saisir. Toujours est-il que je meurs d’envie de poursuivre ma découverte de son œuvre et qui sait … peut-être faire la connaissance d’un éventuel propriétaire de carnet vert ?
A ce propos, j’ai l’impression qu’Auster attache beaucoup d’importance aux couleurs. Je pense aux carnets mais aussi aux noms de ses personnages dans la Trilogie. Serait-ce par effet de contraste avec la grisaille du béton new-yorkais ?
Bref, comme vous voyez, cet auteur et son oeuvre m’intriguent énormément.
Je crois que je vais aller faire un tour à la librairie moi …

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