jeudi 19 janvier 2012

L'Empereur des Ming - Wu Han



4ème de couverture :

Au XIVème siècle, un certain Zhu Yuanzhang devint empereur de Chine. Il fonda une dynastie, celle des Ming, qui "éclaira" la Chine trois siècles durant.
C'est le destin de cet homme que fait revivre ici l'historien Wu Han, celui de ce gardien de troupeau qui devint chef de bande, puis généralissime des armées en lutte contre les troupes mongoles, avant de se proclamer empereur des Ming.
Trente et un ans de règne à force de massacres, de sadisme et de tortures: il inaugura l'un des régimes les plus tyranniques qu'ait connu la Chine. Conquérant ambitieux et cruel, il élimina ses ennemis : militaires, intellectuels, fonctionnaires, avant d'imposer un régime despotique et une politique de terreur dans toute la Chine.

Mon avis :

Je connais très mal l’Histoire de la Chine malgré plusieurs tentatives de m’y intéresser sérieusement, tentatives accompagnées de l’achat de quelques ouvrages sur le sujet. Je la savais très intéressante mais également très complexe. Ce livre de Han Wu traînait dans ma bibliothèque depuis un certain nombre d’années, il était temps que je l’en sorte.
Je pensais lire une biographie romancée mais il s’agit en fait d’une véritable biographie bien  qu’elle ne respecte pas les règles de rigueur dans tout travail historique ( notamment la nécessité de préciser ses sources ) mais ça a au moins le mérite d’alléger considérablement la lecture. Pensant qu’il était romancé, je m’étais dit que ce serait un moyen plus agréable de me replonger dans l’Histoire chinoise.
Pas de roman donc mais pas de déception non plus car cette biographie est claire et relativement bien écrite .

La première moitié du récit est consacrée à l’ascension de Zhu Yuanzhang. Han Wu nous explique ainsi comment le jeune homme de condition pauvre issu d’une famille de simples paysans parvint à s’emparer d’un immense territoire et à en faire son empire. Né sous le règne de la dynastie mongole des Yuan, Zhu Yuanzhang connaît la misère et les famines relatives à cette période. Il perd peu à peu toute sa famille. Menacé à son tour par la famine, il se réfugie dans un monastère qu’il quittera pour s’engager dans l’armée des Turbans Rouges, armée constituée de rebelles et paysans se révoltant contre le pouvoir en place.
Zhu Yuanzhang se montre brillant élément et peu à peu parvient à gravir la hiérarchie militaire.
Profitant de querelles internes, de ses précieux conseillers et de son sens de la stratégie, il réussit à éliminer tous ses adversaires et à se faire proclamer empereur d’un vaste territoire.
Cette première partie est finalement assez ennuyeuse puisque essentiellement tournée vers le récit de batailles. Je me suis un peu perdue entre les différents noms de villes, régions et chefs militaires.

La deuxième partie est beaucoup plus intéressante car dédiée au règne de l’empereur. Et là, je suis allée de stupéfaction en stupéfaction. Wu Han nous dresse le portrait d’un tyran sanguinaire et paranoïaque à nous glacer le sang, le tout appuyé de quelques exemples et anecdotes absolument incroyables. Zhu Yuanzhang tient absolument à ancrer sa dynastie et emploie tous les moyens pour ça : élimination de tous les opposants et de toute personne susceptible de le devenir, surveillance et contrôle étroit de toute la population. Tout le monde est épié et surveillé, chacun doit surveiller et rapporter tout ce que fait son voisin. Le système de gouvernement de l’empereur est basé sur la délation. Et il ne faut pas grand chose pour éveiller les soupçons. D’où le procès des mots. Un seul mot mal interprété et c’est la mort assurée. Avec l’empereur il n’y a pas de demi-mesure, c’est la vie sauve ou la mort … et c’est plus souvent la mort. Zhu Yuanzhang se complaît à inventer et à faire appliquer les pires supplices. Son obsession et sa certitude d’être entouré de comploteurs le conduit à réaliser de véritables purges. La mise en accusation d’un simple ministre conduit à l’exécution de plus de 80000 personnes.
Tout est codifié et régenté, ce que l’on doit faire, ce que l’on ne doit pas dire. Ce système de terreur forme de véritables machines humaines. J’en suis venue à me demander si la docilité du peuple chinois ne trouvait pas finalement son explication dans des siècles et des siècles de conditionnement.
J’ai donc beaucoup apprécié cette lecture très instructive et facile à lire car pas trop détaillée. Une première approche idéale.


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