jeudi 5 janvier 2012

Seul dans le noir - Paul Auster



4ème de couverture :

 Contraint à l’immobilité par un accident de voiture, August Brill, critique littéraire à la retraite, s’est installé dans le Vermont chez sa fille Miriam, qui ne se remet pas d’ un divorce  vieux de cinq ans. Elle vient de recueillir sa propre fille, Katya, anéantie par la mort en Irak d’un jeune homme parti pour Bagdad juste après leur rupture…
 Pour échapper aux inquiétudes du présent et au poids des souvenirs, peu glorieux, qui l’assaillent, Brill se réfugie dans des fictions diverses dont il agrémente ses innombrables insomnies. Cette nuit-là, il met en scène un monde parallèle où le 11 Septembre n’aurait pas eu lieu et où l’Amérique ne serait pas en guerre contre l’Irak mais en proie à une impitoyable guerre civile. Tandis que la nuit avance, imagination et réalité en viennent peu à peu à s’interpénétrer comme pour interroger la responsabilité de l’individu vis-à-vis de sa propre existence et vis-à-vis de l’Histoire. Allégorie puissante et inspirée, Seul dans le noir établit un lien entre les désarrois de la conscience américaine contemporaine et le questionnement de Paul Auster quant à l’étrangeté des chemins qu’emprunte l’invention romanesque.

Mon avis :

Comme on dit « jamais deux sans trois » je m’attendais à un troisième coup de cœur. Eh bien non, c’est raté. Enfin je ne dis pas que je n’ai pas aimé mais j’ai été déçue.

Pourtant ça partait très bien. J’ai retrouvé pour un temps le Paul Auster que j’ai aimé dans mes deux précédentes lectures, son talent de conteur, sa façon de surprendre le lecteur et de toujours trouver ce petit quelque chose d’original qui fait que je n’arrive plus à me séparer de mon livre et surtout ce procédé d'histoire dans l'histoire. Tout ça je l’ai bien retrouvé à la lecture des deux premiers tiers du roman, c’est-à-dire la partie où August, seul dans sa chambre plongée dans l’obscurité, imagine une histoire, un monde parallèle au nôtre et un personnage qui fait la navette entre les deux mondes au point qu’on se demande si la fiction ne va pas prendre le dessus sur le réel et où, encore une fois, on laisse libre cours à son imagination. Voilà, c’est ça que j’aime chez Auster, sa capacité à nous faire participer à l’effort de création en même temps que lui (enfin là je parle pour moi notamment, je ne sais pas si c’est le cas pour tout le monde). Mais quand je le lis, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer une suite probable ou de nouvelles péripéties. Bref je construis ma propre histoire dans ma tête. Et ce qui m’a étonnée avec Seul dans le noir, c’est que d’habitude, Auster laisse son récit en suspens or que là pas du tout. Ce qui fait que là où précédemment je pouvais rester avec mes suppositions, mes hypothèses et ma suite imaginaire, ici je n’ai pas pu car Auster nous sert une fin à cette histoire imaginée par Brill et une fin à laquelle je ne m’attendais absolument pas. J’ai été bluffée !

Mais le soufflé n’a pas tenu car le tiers restant du livre m’a déçue.
Cette partie est consacrée à August Brill et à sa vie, notamment les malheurs qui ont frappé ses proches. Il nous rapporte également trois petites histoires qui lui avaient été contées par des amis. On retrouve tout au long du livre et à travers ces petites histoires la guerre comme thème récurrent : d’abord la guerre civile dans l’histoire imaginée par August, les différentes guerres dans lesquelles sont intervenus les USA à travers la vie d’August (bien qu’il n’ait participé à aucune d’entre elles), la seconde guerre mondiale et la guerre froide à travers les petites histoires, et bien sûr la guerre en Irak. On sent également une certaine critique à l’égard de la politique belliciste de George W.Bush.
Et puis on retrouve aussi de nombreux éléments biographiques de Paul Auster : le divorce, le séjour en France, le fait qu’Auster ait échappé à la guerre du Viêt-Nam comme Brill, le base-ball, le cinéma etc…
De plus, August Brill est handicapé, victime d’un accident de voiture, il a perdu l’usage d’une de ses jambes. Si je me souviens bien, le personnage principal de La nuit de l’oracle aussi a été victime d’un accident. Pourtant je n’arrive pas à trouver dans la biographie d’Auster d’éléments se rapportant à un accident. Et je n’arrive pas à penser qu’il s’agisse d’une coïncidence.
Pour conclure, ce fut une lecture agréable et enthousiasmante pour une partie, décevante pour l’autre car trop « banale » à mon goût. J’aime quand Auster me surprend et m’envoie dans des directions toujours plus inventives et originales. Alors quand il fait dans le « classique » et qu’il met de côté cette recette qui me fait tant saliver, forcément je suis déçue.
J’ai d’ailleurs cru comprendre, en lisant certaines critiques, que Brooklyn Follies était justement un livre plus « traditionnel » , ce qui me fait hésiter à le lire.
Mais la question ne se pose pas pour l’instant car le prochain Auster sur la liste est Le voyage d’Anna Blume. En espérant y retrouver le Auster que j’aime …


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire