dimanche 20 mai 2012

Cacao - Michèle Kahn



4ème de couverture :

Comment a été découvert le xocoatl, " boisson des dieux " chez les Aztèques ? L'envoûtant Cacao nous entraîne sur la route du chocolat : du Mexique à Bayonne, en passant par Saint-Domingue. Lune, au cœur brisé par la disparition en mer de son fiancé, tient les rênes des négoces de son grand-père David Alvarez, descendant de marranes réchappés de l'Inquisition espagnole. Mais un jour de 1761, les autorités de Bayonne défendent aux Juifs de tenir boutique et même de faire du chocolat. Piqués au vif, Lune et David décident de prouver à tous que leurs ancêtres ont été les premiers à apporter le secret du chocolat en Europe. C'est le début d'un voyage dans les méandres de l'Histoire de l'humanité et la généalogie des Alvarez, sur les traces des conquistadors espagnols, à travers les mers des Caraïbes et les souvenirs enfouis. L'exotisme et le mystère, alliés à une écriture vive, colorée, empreinte d'esprit et de fantaisie, enchantent l'imagination. Cacao, un récit aux attraits multiples, une fresque magistrale.

Mon avis :

Voilà un roman au titre et au résumé qui mettent l’eau à la bouche mais qui pourtant m’aura laissée un peu sur ma faim. Ce n’est pas que je n’ai pas aimé ma lecture, au contraire, mais j’ai eu un mal fou à entrer dans l’histoire et j’ai donc mis un temps fou avant de commencer à réellement apprécier ce que je lisais. Pourquoi ? Tout simplement parce que je m’attendais à autre chose.

Je m’attendais à une grande fresque familiale de cette famille juive qui aurait importé le
chocolat en Europe et tout particulièrement en France. Je pensais donc trouver un traitement linéaire de l’histoire c’est-à-dire racontée dans l’ordre chronologique , de la découverte du cacao au Mexique à l’importation en France. Or l’auteur a fait le choix d’un traitement différent. Michèle Kahn ancre essentiellement son récit à Bayonne au XVIIIème. Les éléments concernant l’histoire du chocolat n’apparaissent que sous forme de lettres, journaux intimes et souvenirs des personnages. Résultat : seules quelques pages traitent véritablement de ce qui m’intéressait à l’origine dans ce roman.
En fait, j’ai eu plus l’impression de lire un roman sur l’histoire de la communauté juive de Bayonne au XVIIIème siècle que sur l’histoire du chocolat. Et bien que ce soit très intéressant pour l’amatrice d’Histoire que je suis, ce n’est pas ce que je voulais lire. D’où ma déception.

Néanmoins, Michèle Kahn est tout de même parvenue, malgré ces difficultés, à me faire entrer dans son récit grâce à son incroyable talent pour retranscrire l’atmosphère et l’ambiance de l’époque. Elle décrit à merveille son décor, l’agitation des rues, la lumière, la température, les odeurs, les bruits, on s’y croit vraiment ! A tel point que je n’ai pu me retenir de faire une grimace de dégoût de temps à autre.
Ses personnages sont également bien dessinés. Sans passer des pages et des pages à nous décortiquer leur portrait psychologique, Michèle Kahn réussit par son style à les rendre très vivants, par exemple en retranscrivant les accents ou les tics de langage ou en détaillant leurs petites manies. On connaît particulièrement le personnage de Pompon à travers son journal. En effet, la narration alterne entre plusieurs points de vue, principalement celui de Lune, d’Adrien, de son grand-père et de Pompon.

C’est donc un récit très en relief que nous sert l’auteur de Cacao, richement documenté et grâce auquel on apprend beaucoup. Un glossaire, une bibliographie ainsi qu’une note de l’auteur retraçant en quelques lignes le parcours de création de son livre permettent au lecteur de prendre la mesure du travail effectué.
Grâce à ce roman, j’en sais plus sur comment le chocolat nous est parvenu et j’ai notamment appris qu’on devait son introduction en France aux Juifs d’Espagne ayant fui l’Inquisition. C’est donc grâce à ces familles de Portugais exilées ( ainsi appelait-on les Juifs d’Espagne) que Bayonne est devenue le premier centre français de production de chocolat, sa consommation étant par la suite popularisée par la reine Anne d’Autriche épouse de Louis XIII et infante d’Espagne qui était très friande de ce breuvage auquel on attribuait surtout des vertus thérapeutiques (on trouvait des pastilles de chocolat dans les pharmacies).

Donc voilà, un très bon roman historique bien écrit mais auquel j’ai trouvé qu’il manquait un certain souffle épique. J’aurais aimé suivre les aventures de cette famille du début jusqu’à la fin et non seulement par petites bribes. Cela m’a un peu gâché mon plaisir et c’est fort dommage. Je l’aurais sans doute plus apprécié si je n’avais pas eu ces attentes précises.

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