jeudi 19 juillet 2012

La servante écarlate - Margaret Atwood



4ème de couverture :

Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l'Ordre a été restauré. L'Etat, avec le soutien de sa milice d'Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d'un Evangile revisité. Dans cette société régie par l'oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L'une d'elle raconte son quotidien de douleur, d'angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d'une vie révolue, d'un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom. Une œuvre d'une grande force, qui se fait tour à tour pamphlet contre les fanatismes, apologie des droits de la femme et éloge du bonheur présent.

Mon avis :

Une atmosphère glauque et malsaine, je me suis sentie mal à l’aise tout au long de ma lecture.
Ce roman est dérangeant, choquant, révoltant surtout lorsqu’on est une femme.
Nous sommes aux Etats-Unis dans un futur très étrange puisque, suite au renversement du gouvernement, le pouvoir qui s’installe prend des mesures très particulières qui plongent le pays dans une forme d’obscurantisme qui n’est pas sans rappeler celui que connaissent déjà certains pays de notre monde actuel. Je fais bien évidemment allusion à ces états qui au nom d’une forme extrême de la religion imposent à leurs concitoyens des conditions de vie honteuses qui bafouent la liberté et l’égalité entre hommes et femmes.
Le thème principal de ce roman se concentre justement sur le statut de la femme dans ce genre de sociétés. Dans ce monde dystopique imaginé par Margaret Atwood , il ne fait pas bon être une femme. La femme y est réduite à un simple utérus, ou alors une simple bonne à tout faire ni plus, ni moins. Ou tout du moins, cela dépend fortement de son rang social. Dans ce monde, les femmes sont en majorité stériles, les rares qui le soient encore sont condamnées à devenir des « servantes », elles vont de maison en maison afin de donner un descendant à chaque famille. Car oui, bien sûr, il est hors de question de perpétuer l’espèce humaine autrement que par la voie naturelle. Ainsi monsieur se doit régulièrement de besogner sa servante et tout ceci lors d’un rituel orchestré dans les moindres détails auquel l’épouse doit assister et même contribuer.
C’est à vomir !
On suit ainsi l’histoire de Defred, une jeune femme qui, du jour au lendemain, s’est vue dépossédée de tous ses droits et même de sa famille. Incarcérée dans un « centre de formation », elle y est endoctrinée afin de devenir une « servante ». Elle est ensuite placée chez un couple de haut rang qui désire un enfant. Defred nous raconte tout ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent, se souvient de sa vie d’avant. Le texte est narré à la première personne et on se sent complètement immergé dans sa vie, on s’identifie à elle et le dégoût que l’on ressent n’en est que plus fort.
J’ai été révoltée par l’histoire de Defred, par le comportement du Commandant, cet homme stupide chez qui elle a été envoyée, cet homme qui semble complètement indifférent à la situation, comme si tout était normal. J’ai aussi été choquée par le peu de solidarité féminine, entre ces femmes stériles qui semblent jalouser et mépriser les « servantes » les traitant comme des femmes de petite vertu. L’épouse du Commandant m’a beaucoup touchée. Sous sa froideur, on sent son désespoir mais aussi son impuissance. Elle m’a laissée perplexe une bonne partie du roman. C’est peut-être le seul reproche que j’aurais à faire. J’aurais souhaité savoir ce qu’il se passait dans la tête de ces épouses, connaître leurs pensées, leurs émotions. Le parti pris de l’auteur d’utiliser la première personne pour la narration nous enlève cette partie de la psychologie des personnages et c’est un peu dommage même si on en a quand même un aperçu.

A travers donc ces portraits de femmes, Margaret Atwood nous dépeint cette société qu’elle a créée, ces codes, ces règles toutes plus abjectes les unes que les autres inspirées de certaines bien réelles et qui sont effectivement en vigueur dans notre monde à nous …


J’ai trouvé ce roman incroyablement fort, tant en émotions, par la noirceur de celles-ci, que par l’écriture que j’ai trouvée sublime et raffinée. Je me suis prise une vraie claque, tout est si réaliste et si proche par certains aspects de ce que nous, femmes occidentales, ne connaissons qu’à travers les médias.
En lisant ce roman , on ne peut s’empêcher de penser à nos sœurs qui n’ont pas notre chance et qui subissent si injustement le joug des hommes et de leur fanatisme. Ce roman leur rend hommage et nous rappelle que nous avons encore un long chemin à parcourir dans la lutte pour les droits de la femme.

Un roman sublime et bouleversant à lire absolument.


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