dimanche 23 septembre 2012

Pain amer - Marie-Odile Ascher



4ème de couverture :

Ils étaient des milliers à avoir fui la révolution bolchevique et la guerre civile. En 1946, auréolé de sa victoire sur le nazisme, Staline les rappelle à la mère patrie : l’URSS. Ils seront quelque quatre à six milles « Russes blancs » exilés à suivre l’étoile rouge et les promesses du Petit Père des peuples.
Parmi eux, Marina qui, bien que se sentant française, suit les siens dans leur voyage de retour. Elle laisse Marc, son grand amour, certaine de revenir bientôt sur la Côte d’Azur, l’épouser. Pour l’instant, un long périple l’attend. Elle ne se doute pas qu’une fois arrivée, se dressera entre elle et ses rêves d’avenir le mur du totalitarisme.


Mon avis :

Bien que d’une façon générale je déteste l’Histoire contemporaine, je porte tout de même un grand intérêt à tout ce qui concerne l’Histoire de l’URSS et à sa terrible expérience du communisme. Aussi lorsque je suis tombée par hasard sur Pain amer, le résumé m’a tout de suite attirée.

Pain amer raconte l’histoire d’une famille d’exilés russes ayant fuit la révolution de 1917 et qui décide de repartir s’installer au pays sur l’appel de Staline en 1946. Bien entendu à l’époque, la propagande soviétique battait son plein et faisait tout pour faire croire à son modèle paradisiaque de société égalitaire.
C’est là qu’a été ma principale difficulté en lisant ce livre. Sachant pertinemment ce qui attendait cette malheureuse famille une fois de retour en Russie, je n’arrivais pas à prendre le recul nécessaire pour les comprendre et je ne pouvais pas m’empêcher de pester contre leur crédulité.
Oui mais voilà … n’aurais-je pas fait pareil à leur place ? N’aurais-je pas voulu revoir les paysages dans lesquels j’ai grandi ? Retrouver mes racines, les quelques membres de ma famille restés là-bas ?

Pour ma défense, il faut savoir que toute l’histoire est racontée par Marina qui, elle, a grandi en France, ne parle absolument pas le russe et ne connaît quasiment rien de sa culture d’origine. Aussi par l’emploi de la première personne pour la narration, le lecteur s’identifie obligatoirement à elle et adopte inconsciemment son point de vue. Et on ne peut donc que pester contre la naïve obstination des parents et le comportement de la mère qui, anéantie, se laisse complètement aller.
Quant à Marina elle-même, elle est le personnage typique de l’adolescente héroïne qu’on rencontre dans de nombreux romans, elle est intelligente et en plus, elle est forte au point qu’elle prend sa famille en charge à la place de sa mère.
Bref, en ce qui concerne les personnages, je n’ai pas réussi à les prendre en sympathie malgré ce qui leur arrive.

Ce qui m’a finalement le plus intéressée ce sont les descriptions de la vie quotidienne sous le régime stalinien : le froid, la faim, la lutte pour survivre, le fait de constamment se méfier des autres et de contrôler ses moindres paroles et ses actes, être confronté à un système qui se prétend égalitaire mais qui privilégie les membres du parti etc… La famille en est réduite aux pires extrêmes, se contenter d’eau chaude comme simple repas pendant des jours et des jours, aller mendier des croutons de pain rassis, se contenter de hérisson bouilli comme seule viande, ne pas pouvoir se laver pendant des mois. Le tableau brossé par l’auteur est vraiment abominable et pourtant la famille se bat et s’adapte. Elle s’adapte d’ailleurs tellement bien qu’elle finit par s’en sortir assez bien et j’ai trouvé ça assez étonnant voire décevant comme fin. Mais leur exemple montre bien que pour s’en sortir au mieux dans un tel système est d’y obéir aveuglément et de « respecter les règles du jeu ». Il ne faut cependant pas oublier que le cas de la famille de Marina est une exception et que la plupart des exilés rentrés n’ont pas survécu à leur première année sur le territoire russe.
En parallèle de tout ça, j’ai aussi trouvé que l’histoire d’amour perdu n’apportait pas grand chose à l’ensemble. C’est touchant certes mais pas assez fort encore pour susciter en moi quelque émotion. Surtout que face à la dureté des conditions de vie décrites, il est difficile de se laisser attendrir par une amourette.

Je ne voudrais pas décourager les personnes qui voudraient lire Pain amer et ça m’attriste de constater que de mon avis ressort plutôt un sentiment négatif. Je pense que je n’aurais pas du lire ce roman juste derrière Folie d’une femme séduite. Ce qui fait que je suis plutôt mitigée. J’aurais certainement plus apprécié ma lecture dans d’autres circonstances car ce roman est un bon roman par son sujet, par le style et par le réalisme historique. Donc j’aurais plutôt tendance à le conseiller. Dommage que, pour ma part, je n’ai pas accroché plus que ça.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire