jeudi 9 mai 2013

De grandes espérances - Charles Dickens



4ème de couverture (modifiée par mes soins):

Elevé, à la mort de ses parents, par le redoutable dragon domestique que le Ciel lui a donné pour sœur, Pip (Philip Pirrip) semble promis à l’existence obscure d’un jeune villageois sans fortune. C’est compter sans la bienveillance des divinités tutélaires qui veillent sur son enfance. Car Pip a le privilège de vivre au milieu de créatures singulières dont l’existence seule accrédite la croyance au miracle : il y a tout d’abord le sourire débonnaire, l’amitié protectrice et complice de son beau-frère, le forgeron Joe Gargery, puis la rencontre terrifiante mais bientôt miraculeuse d’Abel Magwitch, forçat au grand cœur, émule de Jean Valjean. Mais il y a surtout la pittoresque Miss Havisham et son éblouissante protégée, Estella. Estella au nom prédestiné, dont la froide et fascinante beauté exalte et désespère tout à la fois le jeune Pip : « J’ai regardé les étoiles et j’ai pensé que ce serait affreux pour un homme en train de mourir de soif de tourner son visage vers elles et de ne trouver ni secours ni pitié dans cette multitude scintillante. » Car les « grandes espérances » qui portent le jeune Pip ne sont pas les aspirations prosaïques de l’Angleterre victorienne, sa recherche du confort ou de la respectabilité, mais bien les puissances du rêve qui nous font chercher le bonheur au-delà de la Sagesse.

Mon avis :

Je poursuis petit à petit ce travail qui consiste à combler les lacunes dans ma culture littéraire et, grâce à mon groupe de lecture, c’est Charles Dickens que j’ai pu découvrir enfin avec le titre De grandes espérances qui, à en lire les avis ici et là, serait son chef d’œuvre.

Eh bien, j’ai beaucoup souffert lors de cette lecture. La faute en incombe en premier lieu aux conditions dans lesquelles je l’ai lu. J’ai repris le travail et j’ai l’esprit préoccupé par ma nouvelle activité et donc un mal fou à me concentrer sur mes lectures. D’ailleurs, je lis à une allure d’escargot. Mais la faute revient aussi à Dickens lui-même qui, je trouve, met un temps fou à mettre en place ses personnages et son intrigue.
En clair, il m’a fallu attendre 450 pages avant de pouvoir enfin m’immerger dans l’histoire et de m’intéresser à ce qu’il s’y passait. Autant vous dire que j’ai du lutter pendant tout ce temps pour ne pas lâcher le livre et poursuivre ma lecture.
Toute la partie concernant l’enfance de Pip et les débuts de son élévation sociale m’ont paru ennuyeux à mourir. Il ne se passe rien et il n’y a aucun fil rouge auquel s’accrocher. Je ne savais pas où Dickens voulait m’emmener, il n’y aucun suspense ce qui n’encourage pas à tourner les pages.
Pourtant, arrivée aux environs de la 450ème page, une surprise nous attend. J’avoue, je ne l’avais pas vue venir, du coup, mon intérêt a été éveillé et j’ai pris bien plus de plaisir à continuer. Petit à petit, Dickens nous révèle pas mal d’éléments qui nous permettent de comprendre enfin tout ce qu’on a lu avant. Le puzzle se met enfin en place . Vous me direz, 450 pages quand même, c’est long.

Autre chose qui m’a gênée, c’est l’impossibilité que j’ai eue à m’attacher aux personnages. Soit je les trouvais exécrables, soit je les trouvais trop naïfs, agaçants …
De même, les dialogues m’ont perturbée par leur manque de naturel, j’avoue parfois que je ne comprenais absolument rien de ce qu’il se disait.

Dans l’ensemble, ce roman est le récit de l’ingratitude, celle de Pip qui, une fois fortune faite, oublie ceux qui l’ont aimé et soutenu dès le début. Dickens nous décrit aussi les revirements de comportements des personnages face à cette élévation sociale inattendue. Mais j’ai aussi été déçue par le traitement de cette élévation sociale. Je m’attendais à un Illusions perdues à l’anglaise mais pas du tout. Le thème est ici beaucoup moins fouillé et ne sert qu’à mettre en valeur l’ingratitude et l’égoïsme de Pip.
J’ai bien aimé aussi cette histoire de vengeance de Miss Havisham qui, parce qu’elle a eu le cœur brisé par un homme, élève sa fille adoptive dans la haine des hommes.
Finalement, on peut tirer de jolies morales de ce roman : le bonheur n’est pas toujours dans la réalisation de ses rêves et il est impossible de se protéger des souffrances du cœur sans en souffrir d’une autre manière.

Certains passages sont très drôles ( je pense surtout à la scène du théâtre où Mr. Wopsle joue Hamlet ) et il y a pas mal d’éléments qui ressortent par leur originalité ( le Château de Mr. Wemmick, le comportement de la famille Pocket … ). Les descriptions de paysages sont magnifiques et réalistes, on s’y croirait. Néanmoins, j’ai eu du mal avec le style que j’ai parfois trouvé très lourd, peut-être est-ce du à la traduction* ( il y a quelques coquilles d’ailleurs).
* après recherches, je confirme : la traduction de Charles Bernard-Derosne est unanimement jugée trop lourde. Aux futurs lecteurs, je conseille donc la traduction de Sylvère Monod beaucoup plus fluide et juste.

J’ai donc bien failli abandonner ma lecture : intrigue trop longue à se mettre en place, dialogues étranges et parfois trop burlesques, personnages antipathiques et agaçants, pas de suspense, impression d’aller nulle part.
Mais je voulais comprendre en quoi ce livre pouvait être un chef d’œuvre et en quoi Dickens était considéré comme un grand écrivain. Je suis donc contente d’avoir poursuivi ma lecture jusqu’au bout mais je ne suis pas certaine de renouer avec Dickens. J’ai trop souffert ici. D’après ce que j’ai lu, Dickens était un grand rival de Thackeray. Eh bien, très franchement, je pense que Thackeray lui est bien supérieur. De grandes espérances ne me laissera pas un souvenir impérissable mais La foire aux vanités en revanche restera un de mes plus gros coups de cœur.


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