mardi 9 juillet 2013

Journal d'un vieux dégueulasse - Charles Bukowski



Les gens ont parfois besoin qu’on leur mette une grande claque dans la trogne et faut reconnaître que le grand Buko excelle en la matière.
D’entrée de jeu, rien qu’avec le titre, il nous met dans l’ambiance. Ici pas de chichis, Bukowski a des choses à dire et à raconter et il n’y va pas par quatre chemins. Il donne dans le brut de décoffrage, dans le cru et le vulgaire. Amis des Bisounours, circulez, y a rien à voir !
Connaissant cette réputation, on peut hésiter à se lancer dans l’œuvre de Bukowski et ça a été mon cas. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que Bukowski, ce n’est pas que des histoires de fesses, de beuveries et de courses de chevaux.

Journal d’un vieux dégueulasse est un recueil au style varié de très courtes nouvelles ou chroniques parues à l’origine dans un journal et incluant parfois des pages dédiées à quelques aphorismes ou encore des pages entières de dialogue non marqué.
On y croise le célèbre Neal Cassady mais aussi Jack Kerouac ainsi que d’autres personnages réputés, à l’image de Buko lui-même, pour leur anti-conformisme.
Bukowski y mêle la fiction et l’autobiographie mais y glisse aussi ses propres réflexions, son propre regard sur la société qui nous entoure mais aussi sur l’humanité dans son ensemble. Un regard dur et acéré mais tellement lucide. Il touche à tous les sujets, politique, religion, comportement humain, Bukowski est un anthropologue à sa façon.

Parmi donc quelques nouvelles fictionnelles, tantôt donnant dans le roman noir, tantôt dans le fantastique loufoque ( vous avez déjà vu un ange jouer au base-ball ?), et d’autres nouvelles inspirées de sa propre vie ou de celle de ses amis, Bukowski nous offre des passages d’une grande force, faisant éclater la vérité telle qu’elle est. Est-ce qu’il exagère ? Oui un peu et délibérément. Dans l’émission Apostrophe où il avait fait un passage remarqué, il explique clairement que la façon dont les philosophes et autres intellectuels s’adressent au public est tellement ennuyeuse qu’ils ont beau dire des vérités, personne ne les écoute. Bukowski, lui, garnit bien son hameçon avant de le lancer à l’eau. Et ça marche ! En tout cas, moi j’ai mordu.

J’ai découvert un auteur qui, au-delà de sa réputation sulfureuse et de ses penchants pour l’alcool et le sexe, est un homme doté d’une certaine sensibilité. Dans certaines des nouvelles, il dévoile une partie de son enfance, de ses mauvaises expériences dans la vie active ou avec les femmes. Il y exprime une certaine forme de rage mais aussi d’impuissance, un sentiment  de fatalité et de renoncement qui s’illustre concrètement par ce qu’il appelle la position de l’homme frigorifié.

A côté de ça, c’est vrai que pour le lire, il vaut mieux ranger sa pudeur et son romantisme au placard. Les scènes de sexe abondent et sont décrites crûment sans artifices, inutile d’embellir ce qui ne l’est pas. Bukowski va même loin dans le scabreux : nécrophilie, scatophilie, faut avoir les tripes bien attachées !

Bukowski m’aura donc profondément marquée par son côté provocateur, son style percutant, son refus des conventions ( au point d’en volontairement ignorer les majuscules en début de phrase) et par son discours plein de bon sens et de perspicacité mais aussi surprise par son côté touchant et parfois plein d’humour.
J’ai découvert un très grand écrivain, je suis plus qu’emballée et j’ai bien l’intention de me jeter sur ses autres écrits.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire