samedi 28 février 2015

Challenge Tous Risques : bilan de la 2ème session et lancement de la 3ème !



Principe du challenge :

Le but de ce défi est de découvrir des auteurs non médiatisés ou tombés dans l’oubli. Le challenge ne comporte que 2 contraintes :
1)      Le patronyme de l’auteur doit commencer par la lettre que je vous indique à chaque lancement d’une nouvelle session.
2)      Cet auteur doit vous être totalement inconnu au bataillon c’est-à-dire que vous devez ne jamais en avoir entendu parler.
Pour choisir votre livre, vous êtes libres de procéder comme bon vous semble. Vous pouvez vous fier au hasard total en piochant à l’aveugle dans le rayon de votre bibliothèque municipale ou librairie. Vous pouvez choisir en fonction du résumé du livre, de la couverture etc … Vous êtes également totalement libres dans le choix du genre littéraire et de la nationalité de l’auteur. Bref, vous faites comme vous voulez tant que l’auteur vous est strictement inconnu.
Pardon d’insister mais plusieurs personnes m’ont posé la question à la session précédente donc je précise clairement les choses. Il ne s’agit pas de simplement lire un auteur que vous n’avez pas encore lu bien que vous le connaissiez déjà de nom ( il y a d’autres challenges sur ce principe).

Bilan de la 2ème session :

La deuxième session du challenge tous risques prend fin aujourd’hui.
Pour cette session, vous avez été 5 courageux à valider le challenge. Je note que bien que moins nombreuses il semblerait que les lectures aient été plus appréciées qu’à la session précédente, ce qui promet donc de nouvelles belles découvertes dont voici le résumé ( je vous renvoie au récap pour les liens vers les billets de blogs) :

AnGee a voyagé en Inde en compagnie des femmes indiennes pour partager leur quotidien, leurs interrogations sur leur condition de femme : mariage, maternité. Pour AnGee, ce fut un presque coup de cœur.
Hajar a été plongée en pleine guerre du Bengladesh entre Hindous et musulmans. Elle a également découvert un auteur classique et cumule donc 2 lectures pour ce challenge ! Bravo Hajar !
On reste en Asie avec Manika qui nous a déniché une belle histoire d’amour impossible sur fond de guerre d’Indochine.
Moglug nous a plongés au sein du quotidien d’une famille hongroise. Un beau texte dont la conclusion est à découvrir !
Sevla Cristy a quant à elle exploré la question du conflit générationnel. Quand une vieille dame acariâtre  et une jeune fille insouciante cohabitent, les relations ne sont pas de tout repos. Un roman sympa mais aussi agaçant.

Et Aaliz dans tout ça ? Eh bien, honte sur moi, j’échoue lamentablement pour cette session. J’étais pourtant pleine de bonnes résolutions puisque j’avais même prévu de sortir de ma zone de confort et me confronter à un genre que je n’apprécie pas( ou plutôt plus) : la littérature jeunesse.  Je n’ai pas de bonnes excuses donc je n’essaierai pas de vous entourlouper en en inventant ! Je tacherai de faire mieux cette fois-ci.

Lancement de la 3ème session :

La 3ème session du challenge commencera à compter du 1er mars et se terminera donc trois mois plus tard c’est-à-dire le 1er juin.
Vous pouvez vous inscrire dès maintenant et à tout moment pour ceux qui hésitent en laissant un commentaire sous cet article.
N’hésitez pas à m’informer dès que vous avez jeté votre dévolu sur un auteur et un titre ( je suis toujours curieuse de voir ce que vous avez déniché).
Et pour cette fois-ci, la première lettre du nom de votre auteur devra être :




Comme vous en avez l'habitude, n'oubliez pas de venir me laisser le lien de votre billet, une fois votre lecture faite.
Bonne(s) lecture(s) !




mardi 24 février 2015

Mille regrets - Elsa Triolet





Il y a certains grands auteurs de la littérature française dont on a malheureusement beaucoup de mal à trouver les œuvres aujourd’hui car elles ne sont plus éditées. Vient alors la chasse aux occasions chez les bouquinistes ou sur la toile mais les prix souvent exorbitants refroidissent considérablement le pauvre lecteur qui n’a plus qu’à se morfondre de frustration.

Elsa Triolet, la non moins talentueuse compagne du célèbre Aragon, fait partie de ces auteurs difficilement trouvables mais pour notre plus grande joie les éditions Denoël rééditent son recueil de nouvelles Mille regrets paru à l’origine en 1942 chez le même éditeur. 

Ce recueil se compose de 4 nouvelles que j’ai toutes aimé sans préférence particulière. Trois d’entre elles mettent en scène une femme et la deuxième dans l’ordre du recueil, la plus longue, est entièrement consacrée à un homme. Quatre portraits donc, d’un homme et de trois femmes confrontés à leur destin, aux affres de l’amour et du mariage. Et ce que j’ai adoré chez Elsa Triolet c’est sa capacité à faire abstraction de son propre sexe et de pouvoir mettre en scène aussi bien des hommes que des femmes avec leurs propres désirs, soucis, inquiétudes sans que jamais cela ne sonne faux. Elsa n’est pas comme ces auteures qui ne savent/ veulent pas sortir de la littérature de genre. Ses propos sont unisexes et elle évoque des thèmes qui parlent à tous. Elle ne fait pas de favoritisme et est aussi dure avec les femmes qu’avec les hommes. Les portraits qu’elle brosse ne sont donc pas toujours flatteurs. Bien au contraire. Les destinées qu’elle imagine sont empreintes de nostalgie, de mélancolie, de souffrance et de tragique.

La première nouvelle porte le titre du recueil. Le personnage principal qui est aussi la narratrice et dont on ignore le nom se trouve en zone libre à Nice. Elle est seule, l’homme qu’elle aime est apparemment mort, elle n’ose pas demander confirmation car il était marié à une autre. Sans famille, ni amis vers qui se tourner, elle doit se débrouiller pour survivre dans un contexte de guerre où la nourriture et les vêtements sont un luxe. La misère et les privations impriment leurs marques sur ses traits et son corps. Une curieuse rencontre l’aide momentanément à mieux vivre. Une autre, qu’elle cherchait pourtant à éviter, va bouleverser sa vie.
J’ai adoré cette nouvelle. J’aimerais vous dire en détails pourquoi mais je serais obligée de spoiler et ce n’est pas concevable. Cette nouvelle m’a beaucoup touchée et émue. L’atmosphère y est très mélancolique et Elsa Triolet parvient incroyablement bien à rendre l’état d’esprit de son personnage. 

La deuxième nouvelle, intitulé « Henri Castellat » nous emmène à Paris peu avant la guerre. Henri est écrivain et est en âge de se marier, sa mère ne cesse de l’y pousser. Il rencontre une jeune femme magnifique Annabelle avec laquelle il s’entend à merveille au tout début. Mais la belle commence à avoir quelques exigences, de ces exigences qui font fuir les hommes. Un lâche, voilà ce qu’est Henri pour elle. Il fuit l’amour et ses responsabilités. Conscient de l’approche de la guerre, Henri cherche à quitter l’Europe.   
Une nouvelle assez cocasse avec un personnage qui refuse tout engagement quel qu’il soit. Ses rapports avec les femmes, sa mère ou ses fréquentations, sont l’occasion de scènes amusantes qui peuvent paraître « cliché » mais qui reflètent néanmoins la réalité. Elsa Triolet y montre tout son humour et n’hésite pas à tacler les petits travers féminins … et masculins.

La troisième nouvelle « Le destin personnel » s’ouvre sur un monologue désabusé de Charlotte, femme mariée à un homme qu’elle n’aime pas. La guerre l’oblige à accueillir chez elle la famille de son beau-frère ainsi que sa mère. Son beau-frère ne travaille pas, sa belle-sœur est convalescente, son neveu un véritable chenapan. Charlotte s’use la santé à gérer sa maisonnée et trouve une bouffée d’oxygène lorsqu’elle peut enfin s’échapper à l’occasion d’une invitation à rejoindre un couple d’amis à la campagne. Là encore les conditions de vie sont difficiles mais Charlotte trouve son bonheur dans cette grande maison dépeuplée et ces paysages envoûtants. Magnifique nouvelle avec des descriptions courtes mais somptueuses qui invitent vraiment au rêve. On se prend à envier les escapades champêtres de Charlotte. Mais Elsa Triolet nous mène par le bout du nez et les apparences sont trompeuses.

Quatrième et dernière nouvelle « La belle épicière » me fait penser à un mélange de Madame Bovary, L’Assommoir et Nana. Madame Louise est l’épicière du quartier. Aimée de tous ses voisins, son commerce ne désemplit pas et malgré un mauvais mariage et un garnement qui n’en fait qu’à sa tête, tout va plutôt bien. Madame Louise est une belle femme, en témoigne les visites quotidiennes et ponctuelles de « L’amoureux », visites attendues et accompagnées des éclats de rire des voisins. Oui, Madame Louise est une belle femme, elle ne s’en rendait pas compte jusqu’à maintenant, prisonnière qu’elle était de son quotidien. Mais dorénavant, elle en est consciente, elle a du « sex-appeal », une révélation qui va complètement chambouler la vie de cette brave épicière.   
Une nouvelle qui tient presque de la fable, j’ai adoré encore une fois.

Sublime découverte que la plume d’Elsa Triolet. Son style concis, efficace, sans fioritures ni artifices dégage une grande force qui exacerbe les sentiments de ces personnages.  Les descriptions sont sublimées par des métaphores bien choisies et d’une grande poésie. Le ton est libre, parfois familier sans être vulgaire, je ne m’attendais pas à ça venant d’une femme de l’époque, j’avais parfois l’impression que c’est un homme qui écrivait !

J’ai beaucoup aimé la façon dont Elsa aborde les sujets de la solitude, de la lâcheté, de la souffrance sentimentale. C’est triste, mélancolique, désespéré. Elle est directe mais le fait avec beaucoup de pudeur et de tact. La guerre est toujours là, son ombre plane sur chaque récit, non pas à travers la présence de l’occupant mais à travers la vie quotidienne, des petites choses qui semblent, en dehors des grands malheurs, insignifiantes ou banales.
Bref, je suis complètement conquise ! Je crois bien avoir enfin trouvé l’auteurE qui me corresponde par son style et les sujets qu’elle aborde. Elle me parle.
Et puis me voilà réconciliée avec le genre de la nouvelle.
J’espère vraiment que les éditions Denoël continueront leur travail de réédition des œuvres d’Elsa Triolet.


« Le temps de déjeuner, et l’eau s’était déjà retirée des rues. Sur les quais détrempés, des hommes enlevaient les galets que la mer avait laissés jusque devant les grands hôtels et les belles villas. Le soleil n’avait rien d’apaisant. La mer grondait et montrait ses dents blanches. La Promenade était presque vide à cause du temps et de l’heure. Soudain, je vois la mer qui se creuse, des vagues se cabrent comme des chevaux, queues et crinières blanches au vent, elles sautent par-dessus le parapet ! Je suis restée longtemps à regarder faire les vagues. Les balayeurs ont presque fini d’enlever les galets, remettent en place les fauteuils blancs renversés, trempés. Je suis bien dans mon manteau, je n’ai pas froid. »

Walter Crane - Les chevaux de Neptune - 1893




« Il y eut des nuits d’orage. Ça commençait vers le soir par un grand vent. Les sorcières du pays arrivent sur leurs manches à balai, et mènent la danse au-dessus du plateau, avec une rapidité et un bruit d’hélices. Puis on voit dans le ciel une étincelle de court-circuit et c’est la catastrophe : le ciel a reçu le choc, se fend comme une tasse de porcelaine fine et s’écroule dans un énorme bruit de casse. Longtemps après on entend rouler les morceaux… »



« Je suis rentrée à l’aube. Dans les collines le vent vient me souffler au visage tous les parfums de la nuit. Il ne fait pas encore assez jour pour voir, mais je sais que les pierres qui roulent sous mes pieds  et me fuient, sont rondes et jaune clair, si semblables aux pommes de terre qu’il faut les voir rouler et se rendre compte de leur poids pour croire que ce ne sont pas de vraies pommes de terre. On pense beaucoup aux pommes de terre de nos jours, à quoi voulez-vous qu’on pense ? A la dignité de l’homme, comme on disait dans le temps ? »

Un grand merci à Célia et aux éditions Denoël !

Mille regrets - Elsa Triolet
Editions Denoël - Collection Empreinte
289 pages
Paru le : 19/02/2015
Prix : 16,50 euros


jeudi 12 février 2015

Challenges, acquisitions et lectures communes



Alors je sais ce que vous vous dites, je ne publie qu’à peine une fois par mois et je m’inscris quand même à des challenges, je propose des lectures communes et j’achète des tas de livres dont vous ne voyez pas la couleur sur ce blog à part dans un billet « acquisitions ».
Je suis un cas désespéré que voulez-vous …
Bon, disons que les challenges et les lectures communes, c’est pour me botter les fesses et me forcer à publier. Il faut que je publie, que j’écrive mes articles, je me rends compte que ça me sert énormément, surtout pour mémoriser et garder une trace de mes lectures ( pas uniquement par écrit mais surtout dans ma tête). Le problème c’est que j’ai un mal fou à me motiver pour le faire. Il faut donc que je prenne le problème à bras-le-corps. Il faut bien avouer que j’ai du mal aussi à trouver des challenges qui me plaisent. Mais dernièrement, j’en ai trouvé deux qui m’enthousiasment complètement.



Le premier est le challenge Littérature XVIIIème siècle organisé par Carles. Le but est bien évidemment de lire des textes du XVIIIème. Il y a 3 catégories possibles. Et comme je suis une petite joueuse, je me suis inscrite à la première «  les mini-challengers » qui consiste à lire 1 à 2 livres avant le 31 décembre 2015. Vous trouverez toutes les infos sur le blog de Carles.

Pour ce challenge, j’ai quelques titres correspondant dans ma PAL, notamment :

  •  Lettres Persanes de Montesquieu 
  • Le Paysan Parvenu de Marivaux 
  • Les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau 

Et je ne serais pas contre une relecture de :

  • La Vie de Marianne de Marivaux ( que j’ai lu l’année dernière mais pas chroniqué) 
  • La Religieuse de Diderot ( même chose, j’avais même lu les deux à la suite)

Si l’un de ces titres vous tente ou si vous en avez un autre en tête, n’hésitez pas à me le proposer en lecture commune !





Le second challenge est organisé par Xian Moriarty, il s’agit du challenge Textes Anciens dont l’objectif est de lire des textes de l’Antiquité ou du Moyen-Age. Là aussi, plusieurs niveaux, j’ai choisi le niveau « novice » qui consiste à lire 5 ouvrages avant le 31 décembre 2015. Xian propose aussi une option « + » pour laquelle elle prévoit des défis à relever tous les deux mois. Je vais donc tenter l’expérience. Plus d’infos sur ce beau challenge sur le blog de Xian.

Comme je n’avais rien dans ma PAL concernant la littérature médiévale et que je me suis découverte un intérêt sérieux pour le sujet, une descente en librairie s’imposait. J’ai choisi :


  • Poésies complètes de François Villon
  • Fabliaux du Moyen-âge
  • Le Chevalier à la Charrette de Chrétien de Troyes
Pour accompagner ces lectures, j’ai aussi acheté :


  • Je, François Villon de Jean Teulé. Je ne sais pas ce qu’il vaut, on verra bien. J’avais adoré Le Montespan mais j’ai cru comprendre que Jean Teulé était assez inégal donc suspense …
  • Introduction à la littérature française du Moyen-âge de Michel Zink.
Dans mes étagères, j’ai aussi La Divine Comédie de Dante qui peut compter pour le challenge puisque Xian n’a imposé aucune limite géographique.

Concernant l’Antiquité, ma PAL est déjà bien fournie : Théâtre complet d’Aristophane, L’Iliade et L’Odyssée, Les Métamorphoses d’Ovide. J’ai du Platon, du Sophocle aussi. Et là encore, n’hésitez pas à proposer pour une lecture commune.

Et en parallèle de tous ces challenges, je vous fais quelques propositions de lecture commune. J’aimerais surtout lire des classiques dont voici la liste :

-          Anna Karénine de Tolstoï
-          Carnets du sous-sol de Dostoïevski
-          Le Maître et Marguerite de Boulgakov
-          A Rebours de Huysmans
-          Le Désespéré de Bloy
-          L’homme sans qualités de Robert Musil ( encore lui, je vous le propose à chaque fois ^^)
-          Les souffrances du jeune Werther de Goethe
-          Au bonheur des dames de Zola
-          La vie mode d’emploi de George Pérec
-          La Chartreuse de Parme de Stendhal
-          Le Procès de Kafka
-          Les Diaboliques de Barbey d’Aurevilly
-          Le nom de la rose d’Umberto Eco

Et vous pouvez aussi aller jeter un œil dans ma PALsur Livraddict. Elle n’est pas tout à fait complète mais l’essentiel y est.

Alors, des intéressés ?